Cette pièce est une adaptation et une mise en scène du livre de l'anthropologue Philippe Descola Les lances du Crépuscule. C'est pendant le confinement que la compagnie découvre ce pavé de 500 pages et décide de s'y attaquer, avec toute sa créativité. Dans ce livre, Philippe Descola raconte ses différents voyages avec sa femme Anne-Christine Taylor (le premier a eu lieu en 1976 et a duré trois ans) en forêt amazonienne, pour étudier le mode de vie des indiens Jivaros Achuar, dits « réducteurs de tête ».

 

Avec leur attirail semblant tout droit sorti du Vieux Campeur, Arnaud Churin et Emanuela Pace arpentent les pelouses bien tondues du Bois de Boulogne comme les hautes herbes de la forêt, miment les obstacles, tout en nous racontant les nuits sur des lits de fortune, les repas au toucan et au manioc, les moustiques, les coutumes (comme le vomi matinal, véritable rite du purification). C'est aussi et surtout un spectacle sur la découverte respectueuse de l'Autre, l'observation bienveillante de ce qui est si différent de nous. 

Je retiendrais notamment

La magnifique complicité entre Arnaud Churin et Emanuela Pace. Leur proximité avec le public, l'impression qu'on me raconte une histoire. Leur habileté à transcender le texte de l'ethnologue, qui frôle parfois la poésie, cette observation aux airs de leçon de vie. La découverte de cette aventure ionnante, au cœur d'une tribu inconnue de mon étroit bataillon. Les enregistrements au micro répercutés quelques secondes plus tard, grâce à tout un arsenal technique. Les bruits d'animaux sauvages, auxquels venaient s'ajouter ceux des oiseaux du Bois. L'humour né du décalage entre deux modes de vie. L'impression d'avoir voyagé loin, l'espace d'1h15.

Un moment unique, poétique. Merci à Emanuela Pace et Arnaud Churin pour cette belle parenthèse.

Copyright photos : Alain Rauline

Anne-Christine et Philippe, Théâtre de verdure, Allée de la Reine Marguerite, route de Suresnes Le Pré Catelan
Bois de Boulogne, 75016 Paris