Baz'art  : Des films, des livres...
26 février 2025

A BICYCLETTE! AU CINEMA- NOTRE ENTRETIEN AVEC PHILIPPE REBBOT

En salles ce jour, À bicyclette ! Nous embarque dans un voyage aussi drôle que touchant, dans lequel le réalisateur Mathias Mlekuz et son meilleur ami Philippe Rebbot rendent hommage à Youri, le fils de Mathias qui a disparu tragiquement.

Les deux comparses sont venus à Lyon défendre leur film en janvier dernier, l'occasion de  réaliser deux interviews distinctes.

On commence par celle de Philippe Rebbot, un comédien pas comme les autres, dont la fantaisie mélancolique fait merveille dans le cinéma français depuis plus de 15 ans et particulièrement dans le docu fiction de son pote .

Comment avez-vous connu Mathias, et comment est née votre amitié qui semble si prégnante dans "A Bicyclette!" ?

 

On se connaît depuis 20 ans,  avec Mathias, j’étais stagiaire régie sur un tournage, et comme je suis un type qui aime bien les gens et que je parle beaucoup, je suis devenu copain avec lui.

Il y avait aussi Romane (Bohringer) sur ce tournage, et Mathias était un peu mon coach en séduction.

Je n’étais pas un gamin pourtant, j’avais déjà 40 ans, mais il me donnait des conseils, on en jouait.

Il a été le témoin de la naissance de mon amour.

Et puis après, on a écrit, tourné, rigolé ensemble.

Il fait partie des plus anciens de mes amis et des plus présents sur la longueur.

Lorsque Mathias vous a parlé de ce voyage à vélo, vous avez immédiatement pensé à un film ?

 

Dans une sorte de fulgurance, j’y ai pensé et en même temps, j’avais quelques doutes.

Je me disais : on va partir six mois à vélo, moi, gros fumeur, lui, triste et pesant quelques kilos de trop…

  Jusqu’au moment où j’ai pensé qu’on faisait des métiers artistiques, qu’on était des acteurs. J’ai dit à Mathias : viens on va faire un poème filmé, on ne s’impose rien, on part, on prend ce qu’on a, des iPhones, des camions et des sandwichs, et on y va.

On a été ret par Marc-Etienne Schwartz et Jean-Louis Livi, les producteurs, et Laurent Hassid de Canal+.

Tous ceux qui s’y sont engagés s’y sont engagés humainement, sans avoir le temps de vraiment réfléchir. Ils se sont engagés sur une sorte de comion, oui, de comion pure.

 

Tous ces gens là, se sont engagés alors qu’on ne savait même pas à quoi le film allait ressembler, ni si on irait jusqu’au bout. Ils pensaient peut-être que cela ferait un beau
film.

Cela fait partie des choses compliquées à expli quer, car pour moi, ce n’est pas vraiment un film, disons plutôt que je n’arrive pas à le promouvoir comme n’importe quel film.

Nous étions dans une telle émotion... Le fait est que c’est devenu un film. Et que les gens l’aiment parce qu’il dit que la vie est fragile. La fragilité de la vie, c’est quelque chose de profondément universel..

 

Vous saviez que vous devriez improviser tout au long de ce voyage. C’est quelque chose que vous faites facilement et que vous aimez ?

 

Moi, je suis un bavard, c’est une névrose : je ne e pas le silence.

A un moment, quel que soit le sujet, il faut que je dise quelque chose.

Et de toute façon, dans ce film-là, le silence aurait été trop dur.

Comment laisser Mathias dans le silence ?

Je suis celui qui parle et Mathias est celui qui ne parle pas pour ne rien dire.

Mon truc, c’était de me dire que je jouais le rôle de Philippe Rebbot.

Ce n’est pas rien.

Alors, je parlais, je parlais… Déjà qu’on me dit que dans mes rôles, je ressemble toujours un peu au même gars, là, pour le coup, vu que c’est moi...

Sur ce film, je n’ai pas fait de différence entre l’acteur et moi même que je suis dans la vie de tous les jours..

 

A quoi ressemblaient vos journées de tournage?

 


On était une bande de sept gars, on se levait le matin, on se préparait, moi je mettais mon costume, c’était mon lien avec la fiction, quelque chose que je me racontais, comme un hom mage à Harry Dean Stanton dans Paris, Texas.


Je m’étais mis dans sa peau, donc, j’enfilais mon costume parce que j’aime bien de toute façon mettre mon costume dans des situations inadéquates - à une époque je l’enfilais juste pour aller chercher mon fils à la maternelle

 Je vis un peu dans la fiction, c’est ce qui me sauve. Toute ma vie, je la vis un peu à côté mais là, en l’occurrence, c’est comme si ce n’était pas tout à fait vrai, c’est ce qui aidait à er.

Même Mathias, je pense qu’il avait une petite distance.
 

 

La pudeur  qui irrigue partout dans ce projet, vous la voyez comme  un rempart ou  comme un obstacle ?


A aucun moment je me suis posé cette question, je crois que ça dée la pudeur ou l’impudeur.

L’impudeur aurait été quelque chose qui choque mais là, il n’y avait rien de choquant, il n’y avait que du chagrin.

Est-ce que cela ne permet pas aux autres de révéler leur propre détresse intime ? Tout le monde est seul et on vit tous la même chose..

 J’en reviens à Victor Hugo : « Les morts ne sont pas absents, ils sont invisibles... »

Youri, je le connaissais, ce n’est pas mon fils, mais pas loin. Le chagrin, je l’ai, c’est à la fois le chagrin de voir mon ami avoir du chagrin et le chagrin face à un enfant à qui la vie n’a pas réussi.

 

Philippe, on peut dire  sans vous vexer je pense que vous êtes un comédien un peu à part et que vous tranchez par rapport à vos confrères . Savez- vous  au profond de vous les raisons profondes qui font que vous faites ce métier et pas un autre?

 

Je me le suis longtemps demandé. Et j’ai eu un jour la réponse : c’est comme si je croyais en un dieu qui s’appelle l’amour. Je veux en prendre et en donner.

Sinon, comment expliquer que je m’autorise à dire un texte à une salle où quelqu’un pourrait le dire aussi bien que moi ? 

Et j en même temps, sincèrement, je n’aurais pas peur de devoir arrêter un jour ce métier, je me sens rassasié comme acteur.

Mais ce n'est pas une décision que je vais prendre de moi, si ca doit se faire, cela se fera.. 

A vrai dire, je n’ai quasiment rien fait de ma vie sinon me laisser porter par ce qui est autour de moi .....

 

 

Le réalisateur Mathias Mlekuz et l’acteur Philippe Rebot accompagneront la projection de leur film «À Bicyclette»- Fabrice SCHIFF

 

 

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