30°Couleurs: Antilles, ma douleur
C'est amusant comme un réalisateur peut parfois casser la baraque avec un premier film et retomber totalement dans l'anonymat avec son second.
C'est le cas avec le comédien Lucien Jean Baptiste, qui avait connu un très beau succès public et critique avec sa toute première réalisation, Ma première étoile, l'histoire d'une famille d'antillais qui découvrait les joies du sport d'hiver : frais, sans prétention, souvent amusant, le film touchait par son efficacité et sa sympathie.
Du coup, Lucien Jean Baptiste a certainement voulu reproduire, pour faire son second opus, le même cocktail que pour son premier film, en continuant à parler de ce qu'il connait le mieux, la communauté antillaise,mais en ciblant ce coup ci son film autour d'un historien antillais ayant réussi en métropole, et qui se voit contraint de revenir dans sa Martinique natale, après 30 ans d'exil, pour aller au chevet de sa mère mourante.
En racontant ce synopsis, on se dit déjà que Lucien Jean Baptiste reprend une recette un peu éculée du retour au source (le même sujet que le très récent Young Adult, mais traité bien différement), mais on pense qu'il va y insuffler suffisament de tendresse et d'humour pour rendre l'ensemble fort agréable, un peu comme il avait pu le faire dans son premier film.
Hélas, on doit bien vite déchanter, tant le comédien cinéaste accumule les situations prévisibles et les personnages stéréotypés : tout se déroule comme on l'attend dès les premières minutes du film, et surtout, le trait est trop lourdement appuyé : les martiniquais apparaissent comme des gentils naifs ruraux, dont les seul plaisirs sont de boire du punch, de défiler déguisé en grande fofolle, et de jouer aux sorciers vaudoux.
Et l'intrigue n'en finit plus de s'emmeler les pinceaux dans des séquences carnavalesques ni drôles ni bien foutues, ou alors dans des blagues à répetition peu convaincantes (la confusion entre le héros et Lilian Thuram, qui ne se ressemblent pourtant pas du tout), tant et si bien que le dénouement tout aussi convenu que le reste, apparait comme un soulagement.
Ce qui est certain, c'est que je ne suis hélas pas le seul à avoir moins aimé ce film que le précédent, même si la plupart des spectacteurs de Ma première étoile ne ne sont meme pas donnés la peine d'aller voir le film.
Pour ma part, alors que je l'ai vu la semaine même de sa sortie, on était deux dans la salle. Bon, en même temps, j'imagine que le film a surtout été vu par la communauté antillaise de , et sur Lyon, elle est peu représentée, mais même eux n'ont pas du trouver leur compte devant cette tambouille. On attend donc de voir le prochain opus de Monsieur Jean Baptiste voir si son premier film était un feu de paille ou non.