John Lennon sous toutes les coutures...
Je ne suis pas certain que ca soit encore le cas pour les adolescents d'aujourd'hui, mais, à mon époque, dès que la question musicale arrivait sur le tapis, on nous sommait derechef de prendre parti entre les deux groupes mythiques du de l'histoire du rock, en nous posant la sempiternelle question: "et toi, tu es plus Stones ou plus Beatles?".
Bon, comme vous devez le savoir, si j'ai au départ plus d'affinités avec chanson française, et si, par ailleurs, je ne suis pas vraiment le garçon le plus rock n' roll qui soit au monde, j'avais systématiquement tendance à choisir les Stones comme réponse à cette question. Sans doute à cause de leurs slows, qui me touchaient plus, d'Angie à As Tears go by, et aussi à cause du côté trop lisse, trop policé que véhiculaient les "4 garçons dans le vent".
J'avais beau avoir mon meilleur ami de l'époque qui écoutait en boucle les albums rouge et bleu des Beatles (cette précision rappellera certainement des souvenirs à certains), j'avais le sentiment de plus subir leurs morceaux que les écouter de mon plein gré. Du coup, de Lennon et ses acolytes, je ne connaissais vraiment que le strict minimum, à savoir leurs chansons les plus célèbres, ainsi que les très lignes de leurs vies, et encore uniquement celles les plus connues du commun des mortels.,
Bref, lorsque j'ai appris que l'écrivain David Foenkinos avait publié une fiction autour de John Lennon, je me suis dit que des deux artistes, il y en avait un que je connaissais beaucoup plus que l'autre, et ce n'etait pas, contrairement à la majorité des gens, l'auteur d'Imagine. Car je vous ai déja dit plusieurs fois le bien que je pensais de l'écrivain - et cinéaste Foenkinos, et j'avais donc envie de faire d'une pierre deux coups: continuer à lire son oeuvre et en savoir plus sur le leader de ce groupe que j'avais tant dédaigné.
En 1975, à l’âge de 35 ans, John Lennon décide de mettre un terme à sa carrière d'artiste afin de s’occuper de son jeune fils Sean. Pendant cinq années, il s’est retiré de la vie médiatique et n’a sorti aucun album. David Foenkinos entre alors en scène et imagine un témoignage inédit du leader des Beatles. Lennon en profite alors pour revenir sur son incroyable carrière et pour suivre plusieurs hypothétiques séances de psychanalyse. Ces séances lui donnent l'occasion de s’exprimer librement sur la terrible enfance qu’il a vécue, sur sa célébrité précoce, sur ses années d’errances, de solitude totale qui l’a conduit à la drogue, sur sa vie avec Yoko Ono… Son existence- et ses confessions- seront interrompues le 8 décembre 1980, jour de son assassinat par un déséquilibré.
Au début de ma lecture du roman, j'avoue avoir un peu tiqué : je trouvais le procédé d'une part, déjà utilisé par Michel Schneider dans son très réussi Marylin dernière séances ( sauf que Marylin avait vraiment suivi des séances d'analyse, contrairement à celles de Lennon purement fantasmées) et surtout, qui sentait un peu l'artifice et la facilité: à chaque séance, Lennon raconte l'histoire là où il l'avait laissé la dernière fois, et on sait tous que les séances de psy (notamment pour tout ceux qui ont suivi la superbe série En Analyse) sont tout sauf linéaires et chronologiques.
Mais rapidement, j'ai vite vaincu mes réticences et j'ai été convaincu par ces ces confessions qui prennent un tour inédit et personnel, sans que l’on puisse acc son scribe de violer sa pensée ou sa parole. En effet Foenkinos, qui dans plusieurs de ses précédents ouvrages, avait laissé transparaitre sa ion pour Lennon, sa vie, son oeuvre, connait son sujet sur le bout des doigts, mais n’en demeure pas moins parfois critique sur son idole.
Du coup, le récit, jamais hagiographique, laisse transparaitre les failles et la grande humanité de Lennon, qui a quand même connu une enfance et une adolescence partciulièrement tourmentée. Et la dernière partie, sur sa période, (un peu) plus sereine avec le grand amour de sa vie Yoko Ono, est assez bouleversante.
Bref, l'exercice, périlleux au départ, s'avère être in fine extremement réussi, grâce avant tout au brio de l'auteur et à l'incroyable matière qu'il possédait.
Du coup, cette lecture, un peu trop brève, m'a donné envie d'en savoir plus sur le personnage Lennon, et je me suis soudainement rappellé que j'avais en attente depuis plusieurs mois dans ma DVDthèque un long métrage de fiction consacré à John Lennon, Nowhere Boy, réalisé par un certain Sam- Taylor Wood, et qu'il était temps de se jeter dessus. Ce film, contrairement au roman de Foenkinos, se concacre exclusivement aux vingt premières années de la vie de Lennon.
A travers ce biopic, le réalisateur nous fait découvrir un adolescent tiraillé entre deux femmes, sa mère qui l'a abandonné à l'âge de 5 ans (une femme délurée mais adorable) et sa tante qui l'a recueilli (très stricte et au caractère bien trempé). Les retrouvailles avec sa mère (il avait alors 15 ans) vont réveiller des souvenirs enfouis et la recherche de la vérité ne va pas cesser de le tourmenter. Des secrets qui le déstabilisent et à l'heure où il se cherche et s'affirme, il va tout tenter pour que sa mère et sa tante recollent les morceaux afin que leur famille soit enfin réunie.
Le film, de facture bien plus classique que le roman français, reste interessant, car il joue sur la corde intime avec sensibilité et justesse. Et j'ai pu retrouver, non sans une certaine délectation plusieurs ages du roman de Foenkinos raconté sous un angle un peu différent, et avec certainement plus de sensibilité, voire de sensiblerie.
Mais Nowhere boy possède de nombreuses qualités, notamment celle de parvenir à reconstituer avec une grande justesse le Liverpool des années 50. De plus, le film vaut aussi énormément pour l'excellence de sescomédiens, avec un Aaron Johnson ( vu dans Kick Ass) endosse le rôle titre à la perfection face aux deux femmes de sa jeunesse, à savoir Kristin Scott Thomas et Anne-Marie Duff qui incarne à la perfection cette relation à la fois fraternelle et empreinte de rivalité.
Bref, que ce soit grâce au livre ou au film, j'ai eu l'impression de mieux connaitre le personnage si ambigu et si fascinant qu'était John Lennon. Il me manque encore certainement une chose pour mieux appréhender encore l'artiste, mais je ne vois pas quoi...ah si, écouter ses disques, peut-être, non?