Un week end intime et touchant
A défaut d'avoir pu voir Hors les murs dont je vous ai parlé dans ma sélection de la semaine ée, mais qui, hélas, n'est diffusé qu' avec trop peu de séances dans ma bonne ville de Lyon, je me suis rabattu en DVD sur une autre histoire de coup de foudre homosexuel, Week end, qui est sorti en salle en mars dernier, et dont le DVD, édité par Outplay (qui m'a si gentiment fait découvrir le film) vient récemment de sortir.
Ce film indépendant anglais a connu un très beau succès outre manche, mais également aux Etats Unis, où il a vraiment rencontré son public, et pas seulement d'ailleurs le public homosexuel, ce qui prouverait que ce film est avant tout une très belle histoire d'amour au delà de la sexualité de ses héros.
Car dans ce long métrage, le réalisateur anglais Andrew Haigh raconte en effet une très courte histoire d'amour de deux jours entre deux gays, Russel et Glen, deux garçons issus visiblement de milieux sociaux différents qui vont apprendre à se connaitre et à s'aimer.
Après une introduction qui amène Russell d’une soirée avec des amis hétéros à un bar homo, le scénario choisit l’ellipse. Nous sommes déjà ce lendemain où tout va prendre forme. Au réveil, Glen et Russell partagent un café et, surtout, le souvenir de la nuit qu’ils viennent de er ensemble. Ensuite nous suivrons sur deux jours comment va se mettre en place ce début d'histoire d'amour, amour déja condamné, Glenn devant partir s'installer aux USA à la fin de ce fameux week end.
Comme je le disais, la force de ce film tient à sa capacité à savoir rendre universelle une histoire d'amour : au-delà du thème de l’homosexualité, tout le monde pourra s’identifier à cette histoire qui parle avant tout avec tendresse et subtilité de la naissance des sentiments amoureux et d’une intimité touchante entre deux êtres.
Réalisé comme un documentaire, nous rentrons dans la vie de ces deux jeunes hommes, et de leur positionnement différent quant à leur homosexualité. Comme le dit le réalisateur dans le dossier de presse , « Week-end » a pour principal sujet celui de savoir « comment rencontrer quelqu’un, le découvrir, peut-être même de faire un bout de chemin avec lui ».
Le film capte très justement ces moments si particuliers d'un début d'une rencontre amoureuse, celui où comme le dit un des personnages, on reflète à l'autre l'image idéale telle qu'il aimerait qu'on soit... Une rencontre amoureuse entre deux personnages a priori différents mais qui vont réussir à se comprendre, s'apprécier, et plus encore...
Et si le personnage de Glenn, artiste underground porteur d' un projet artistique qui consiste à enregistrer au matin ses amants lui racontant la nuit qu’ils viennent de partager, peut parfois agacer par son coté peremptoire et bavard, celui de Rusell, orphelin qui a vivoté dans les foyers d'accueil et qui ne sait pas trop comment appréhender son homosexualité est un des plus beaux personnages que j'ai vu au cinéma cette année. La performance de Tom Cullen, acteur anglais inconnu chez nous, est d'ailleurs assez phénoménale de justesse et d'émotion, tant il habite son rôle.
La mise en scène rèche et sans fioriture, avec une bonne partie des scènes filmées caméra à l'épaule peut parfois un peu irriter, et quelque fois, le film colle un peu trop à la réalité, alors qu'on aurait aimé qu'il prenne plus de hauteur, plus de poésie.
Quoiqu'il en soit, à la fin du film, on se sent triste de devoir quitter ces deux êtres après avoir eu ce sentiment de partager leur intimité pendant deux jours, et triste surtout de voir que leur histoire d'amour finira avant même d'avoir commencé.
Week-end est donc un bien joli film, qui traite de façon subtile et intelligente des amours homosexuels, ce qui est assez rare pour être souligné.