Comme Delerm, j'aime...les gens qui doutent
Elle vous avait manqué cette chronique des trésors cachés de la chanson française que je rédigeais habituellement les vendredis, pas vrai?Ah, merci pour les trois lecteurs du fond qui répondent un oui si timide que même en mettant la sono à fond, on l'entendrait pas :o)
C'est vrai que je l'avais quelque peu abandonné, et je me demandais meme si je ne l'arretais pas définitivement, faute de cartouches en stocks et d'intêret de votre part ( si tant est soi que mes critères d'évaluation soient bien pertinents pour juger dudit intérêt) .
Mais pour ce dernier vendredi de l'année, j'avais quand même envie de vous parler d'une chanson qui résume bien, sur la forme, mes affinités musicales, et sur le fond, la personne que je suis et ceux qui me touchent en général.
Cette chanson, elle est, à l'origine, écrite et interprétée par Anne Sylvestre, plus connue pour ses chansons pour les enfants, mais qui a également un répertoire de chanson adulte tout à fait remarquable. Cela dit, la version d'Anne Sylvestre que j'ai réécouté par la suite fait quand même, de par l'orchestration et la voix, un peu datée.
En revanche, celle chantée un soir de 2007 par Vincent Delerm dans le cadre de ses duos à la Cigale ( que je n'ai pas eu la chance d'aller voir, mais j'ai le CD et le DD de ce concert mémorable) m'a profondément ravi dès la première écoute.
Delerm, je vous en ai déjà parlé sur ce blog, hélas pour ses détracteurs ( le bonhomme en a des tas), et je risque de vous en reparler, vu qu'il figure dans la liste de mes concerts prévus pour 2013 ( merci petit papa Noël). Et ce que j'aime aussi chez lui, outre son génie artistique (n'ayons pas peur des hyperboles), c'est sa grande fidelité à ses collègues qui sont un peu dans la même mouvance que lui.
Pour mettre en mots ces "gens qui doutent", Vincent Delerm démontrait cette fidelité en amitié, puisqu'il y avait invité ce soir là à la Cigale, deux de ses collègues et visiblement amis, Jeanne Cherhal, à l'univers effectivement assez proche du sien ( et pourtant je suis bien moins fan d'elle que de Delerm) et Albin de la Simone, hélas beaucoup moins célèbre que ses deux comparses.
Le trio se coule à merveille, chacun intervenant aprés son comparse, et le remplacant au piano (avec des secondes de flottement qui servent d'ailleurs le propos de la chanson) dès que c'est le moment de sa partition. La mélodie, simple, mais très facile à mémoriser et très jolie fait beaucoup pour la beauté du moment, mais c'est surtout le texte, qui prone les gens un peu à coté, un peu loosers qui a toujours retenu mon attention.
En effet, dans ce monde de la performance où l'échec est tellement mal vu et où les grandes gueules arrogants sont toujours les mieux vues, les artistes qui mettent en avant les fragiles, les pas sur d'eux, les rêveurs, les humbles, ne peuvent que me toucher.
Car évidemment, je me classe dans cette catégorie là, et pour ma dernière rubrique musiscale de l'année, je ne pouvais que vous laisser avec une chanson qui résume bien ce que je suis...Sans doute je ne parle pas beaucoup de moi dans ce blog, comparé à certains, mais j'ai beau jeu de penser que mes choix culturels que je vous assène quotidiennement en disent long sur ce que je suis ou ce que j'aimerais être...
Et pour bien asséner le message, non content de vous laisser le clip, je vous mets ci dessous les paroles en entier, en espérant qu'elles sauront vous toucher, comme elles ont pu le faire pour moi...et ce ,même si êtes de ceux qui, je l'espère pour votre santé mentale, doutent moins souvent qu'à mon tour :o) ....
J'aime les gens qui doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur cœur se balancer
J'aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncer
J'aime les gens qui tremblent
Que parfois ils nous semblent
Capables de juger
J'aime les gens qui ent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côté
J'aime leur petite chanson
Même s'ils ent pour des cons
J'aime ceux qui paniquent
Ceux qui sont pas logiques
Enfin, pas "comme il faut"
Ceux qui, avec leurs chaînes
Pour pas que ça nous gêne
Font un bruit de grelot
Ceux qui n'auront pas honte
De n'être au bout du compte
Que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire :
"Délivrez-nous du pire
Et gardez le meilleur"
J'aime leur petite chanson
Même s'ils ent pour des cons
J'aime les gens qui n'osent
S'approprier les choses
Encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être
Qu'une simple fenêtre
Pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme
Et daltoniens de l'âme
Ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires
Pour que jamais l'histoire
Leur rende les honneurs
J'aime leur petite chanson
Même s'ils ent pour des cons
J'aime les gens qui doutent
Mais voudraient qu'on leur foute
La paix de temps en temps
Et qu'on ne les malmène
Jamais quand ils promènent
Leurs automnes au printemps
Qu'on leur dise que l'âme
Fait de plus belles flammes
Que tous ces tristes culs
Et qu'on les remercie
Qu'on leur dise, on leur crie :
"Merci d'avoir vécu
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu'elles ont pu"