Augustine, l'hystérique favorite du Pr Charcot
La psychiatrie ou la psychanalyse constituent des sujets régulièrement traités au cinéma, et le modèle du genre est bien évidemment Vol au-dessus d’un nid de coucous le chef d'oeuvre de Milos Forman qui m'avait fait l'effet d'un chox la première fois que je l'ai vu à 12 ans à la télé avec mes parents. Récemment le cinéaste le plus connu qui a traité frontalement le sujet était David Cronenber avec son « A Dangerous Method » qui m'avait laissé un peu perplexe.
J'ai fortement pensé à ce film de Cronenberg en voyant récemment en DVD Augustine, le premier film de la jeune cinéaste Alice Winocour sorti le 12 mars chez ARP.
Ce film traite en effet un peu de la même thématique et même carrément du professeur qui influenca Freud ( un deux personnages principaux du film de Cronenberg) et fut même son professeur, l'illustre Jean Martin Charcot, neurologue et clinicien d’exception, qui a permis à la neurologie moderne de faire des pas décisifs.
Comme son titre l'indique, plus que la vie et l'oeuvre du professeur, le film retrace le parcours d’Augustine, une des ( réelles) patientes de Charcot, à l’hôpital de la Salpêtrière à la fin du XIXème siècle. Atteinte d’hystérie, elle subira les étranges méthodes mises en oeuvre dans ses amphithéatres où il exposait ses patientes pour les exhiber en grand comité, n'hésitant pas à provoquer par l'hypnose des crises d'hystérie, cette maladie ( qui n'existe plus depuis dans le sens pathologique du terme ), et qui touchait essentiellement des jeunes femmes ( au grand dam de Mauant comme une scène du film nous le montre).
Augustine, en tant qu’égérie de Charcot, était la star de ses études, la plus photographiée, la plus observée, jusqu’au jour où le pouvoir entre les deux va subitement s'inverser.
Pour un premier film, Augustine frappe par une belle maîtrise, notamment formelle. En ce sens, l’utilisation de la lumière, est de ce point de vue très réussie , créant des ambiances toutes en nuances, de l’éclairage aux bougies, au frisé des brumes automnales, qui fait penser à certains tableaux impressionnistes de l'époque. De manière plus générale, le film présente une grande justesse dans la reconstitution des décors et des costumes.
Le film est jusque dans son esthétique extrêmement documenté et intelligent, et par rapport à A dangerous Method, plus verbeux et plus strict dans son approche documentaire, le film semble un peu au dessus.
Toutefois, le film gagne en rigueur formelle et historique ce qu'il perd en émotion, et on aurait aimé sentir plus que cela la naissance des sentiments ( désir, et peut etre même amour) de Charcot pour sa patiente. Ce n'est pas la faute du casting, qui, emmenée par une Soko (l'icone des cinéphiles branchés qui ne jure que par elle depuis quelques années alors qu'elle ne jure que par la musique) très investie, et un Vincent Lindon très sobre, est parfaitement dans le ton du film, mais plutot de la mise en scène, qui a préféré garder une froideur clinique plutot que de miser sur un lyrisme qui aurait pu rapidement basculer dans le ridicule. En l'état, cet Augustine reste un beau film instructif et à voir sans l'ombre d'une hésitation.