Les adaptations de Stephen King au cinéma, bonne ou mauvaise nouvelle??
Ca! c'est une bonne adaptation de King
Avec plus 50 romans et plus de 200 nouvelles, Stephen King, le stakhanoviste de l'horreur, et un peu -n'ayons pas peur des comparaisons édifiantes - notre Edgar Allan Poe des années 2000, n’a pu ainsi qu’attirer, depuis plusieurs décennies déja, quantités de films et téléfilms tirés de son oeuvre tant ce conteur hors pair est adapté par Hollywood régulièrement depuis trente ans.
De ces romans dont le dernier exemple en date n’est autre que le CA, le terrifiant clown tueur effraie tous les français depuis sa sortie il y a tout juste une semaine.
Si ce mythe vivant de la littérature a connu des fortunes diverses avec ces adaptations avec du très haut niveau et du très moyen pour ne pas dire pire, l’adaptation réalisée par Andrés Muschietti. (Auteur d’un Mama plutôt de bonne facture) s'avère être après vision très honorable.
Bien que manquant d’un peu de personnalité (les producteurs ont tenu à en faire une adaptation qui restait grand public, on sait que le premier réalisateur attaché au projet Cary Fukuyama a été débarqué pour une vision visiblement pas assez consensuelle du projet), lorsqu'on est comme moi un grand irateur des romans de King, on ne pourra que se réjouir du résultat final.
En effet le film, doté notamment d’une solide interprétation et d’une image très léchée, respecte bien à la lettre le roman initial et réussit notamment à rester fidèle à la thématique de l’enfance, chère à King.
Car pour élargir notre propos à l'oeuvre de King et ses versions sur grand écran, il faut savoir que King est aussi et avant tout un grand cinéaste de l’enfance, comme Standby me, un des films les plus réussis tirés d’un roman de King le montre parfaitement.
Cette adaptation d’une nouvelle de King, The Body, publiée dans le recueil Différentes saisons par Rob Reiner dévoile la part sensible de l'auteur et démontre que ses livres touchent la plupart du temps à quelque chose de plus profond que si l’on reste à la surface
Si Stephen King cinéaste a vite arrêté de réaliser lui-même ses films après quelques essais bien médiocres (notamment Maximum Overdrive adapté de l'une de ses nouvelles, Poids lourds) la plupart de ses adaptations, même celles qui sont volontairement des séries B au départ prennent toujours au final une dimension autre, grâce à la richesse du matériau original : Christine, Dead Zone ou Carrie sont de très beaux exemples)… |
De toute façon, dans l’absolu, les meilleures adaptations de romans de King sont celles qui s’éloignent du livre d’origine pour en tirer la substantifique moëlle : l’exemple de Shining, roman par lequel Stephen King racontait son propre alcoolisme et la peur de l'homme qu'il pourrait devenir qui devient dans les mains de Kubrick un film très cérébral traversé d'images mentales et de visions insensées étant sans doute l’exemple plus probant d’une trahison parfaitement réussie ( trahison que King n’aura jamais pardonné à Kubrick. C’est selon lui un « film réalisé par un homme qui réfléchit trop et ne ressent pas assez» ce qui montre bien la différence de vision impossible à concilier entre les deux SK..
Pourtant reconnaissons que la trahison de Kubrick est absolument géniale : un exemple au hasard le justifie : dans le roman de King, ce sont les animaux en buis qui attaquent l’enfant, or à l’époque du film (1980) ce trucage semblait impossible à réaliser, Kubrick a alors l’idée géniale de les remplacer par un labyrinthe du même matériau, le buis qui symbolise ainsi les circonvolutions du cerveau fou du père. Pour ceux qui avaient lu le livre avant et n’avait pas cette perception du cerveau du père la surprise était de taille et particulièrement jouissive.
Pour en revenir à CA qui nous interesse au plus haut chef vu qu'elle fait l'actu ( et Baz'art aime bien coller à l'actu :o) même si Andrés Muschietti n’est évidemment pas de taille à rivaliser avec le cinéaste de Barry Lindon, l’idée de réaliser un long métrage en deux parties (le générique de fin ne laisse aucun doute sur la suite à venir) est particulièrement ingénieuse car le roman de King est quand même d'une ambition folle au départ : ce pavé de 1000 pages qui alterne deux époques et les points de vue entre l’adulte et les enfants, n’aurait jamais pu être condensé en un long métrage de 2 heures.
Là, en sortant de la salle qui a projeté CA ( l'UGC confluence pleine à ras bord de jeunes gens bien chauffés à blanc :o) on trépigne d’impatience pour guetter le second volet de CA…et en priant qu’en attendant, il n’y a pas d’autres piteuses adaptations de King qui sortent sur nos écrans.
Et concernant les oeuvres de Stephen King sur (grand et petit) écran, cette année 2017 pourrait bel et bien être celle de tous les records en la matière car apes Ca et le très mauvais La tour sombre en août, une nouvelle adaptation de l'oeuvre du romancier américain sortira prochainement sur les écrans : transposition de "1922" , novella sortie en 2010 et parue dans le recueil Nuit noire, étoiles mortes., et disponible sur Netflix dès le 20 octobre prochain.