Le é, Tessa Hadley : le charme des grands classiques de la littérature britannique!
"Je trouve la vie assez terrifiante, pas toi ? Et je suis une telle froussarde. C'est sûr, je ne sais rien de tout ce que cela veut dire. C'est vrai, même les choses les plus banales me fichent la trouille : la tristesse du changement, vieillir, les opportunités ratées. Sans compter la façon horrible dont les choses évoluent - ce qui se e avec l'environnement par exemple. Je sais que je te barbe quand j'ai la nostalgie d'avant, comme si tout était mieux par le é. Ce n'était peut-être pas le cas".
Une fratrie se retrouve dans la vieille demeure familiale pour décider ou non de sa vente. Trois sœurs et un frère, des enfants, des adolescents, une nouvelle épouse réapprennent à se connaître, se découvrent, et tentent d'apprivoiser les petites manies de l'autre. Harriet est la seule célibataire, mais elle se plaît à er des moments seule avec Pilar, la nouvelle épouse de son frère Roland, pour nager dans la piscine, en rivière, ou en bord de mer.
Ces trois soeurs et leur frère qui se retrouvent le temps d'un été dans la maison des grands-parents, vont vite retrouver leur complicité en même temps que les jalousies secrètes qui jalonnent toute bonne histoire de famille digne de ce nom.
"Harriet hésita sur le bord avant de la redre. Quand Pilar tituba dans le courant, qui était assez fort bien que l'eau ne leur montât qu'aux mollets, elle saisit le bras d'Harriet et s'y accrocha en riant ; Harriet tint bon, rassemblant ses forces pour soutenir Pilar. Le vacarme de la rivière les isolait de Roland".
Formidablement traduit de l'anglais par Aurélie Tronchet, la plume de Tessa Hadley puissante et mélancolique mêle avec maestria é et présent, sur une histoire de secrets de familles a priori mille fois ressassée.
Une intrigue qui ne se lasse pas de nous ressasser à quel point les petites histoires du é ont une incidence sur le présent et influencent à foison le destin des personnages et d'une fratrie dont la tension semble d'abord à peine perceptible, puis bien plus prégnante avant que les vrais personnalités de dévoilent.
Dans ce huis clos familial d'une justesse confondante, le é permet d'éclaicir le le présent, notamment certains traits des caractères de Fran, Alice, Harriet et Roland.
A partir de petits riens a priori anodins qui, au bout du compte,vont se réveler primordiaux et jeteront un voile sur ces retrouvailles familiales.
"Je trouve la vie assez terrifiante, pas toi ? Et je suis une telle froussarde. C'est sûr, je ne sais rien de tout ce que cela veut dire. C'est vrai, même les choses les plus banales me fichent la trouille : la tristesse du changement, vieillir, les opportunités ratées. Sans compter la façon horrible dont les choses évoluent - ce qui se e avec l'environnement par exemple. Je sais que je te barbe quand j'ai la nostalgie d'avant, comme si tout était mieux par le é. Ce n'était peut-être pas le cas".
On apprécie le dosage des ingrédients: finesse des sentiments, précision du trait , belle ironie douce amère : avec ce é, Tessa Hadley retrouve le charme et la réussite des grands classiques de la littérature victorienne dont Jane Austen en est le porte drapeau !
Un roman captivant et bouleversant.
. Le é, Tessa Hedley- editiopns Christian Bourgois, traduit de l'anglais par Aurélie Tronchet, 22 €, septembre 2017, 420 pages, 22 € Titre original : The Past