Quais du Polar Power Play; Mike Nicol : L'afrique du Sud, ses élites pourries, ses flics impuissants..et ses bons polars!!
« Il vit la famille Anders monter dans leur voiture, une Mercedes série 300 de la fin des années 1980. Ce connard de Titus aurait pu s’acheter un nouveau modèle tous les ans, mais non, il gardait cette antiquité. Pour faire « homme du peuple ». Avec de larges vitres pour tirer à travers. Bien joué, Titus.
« Si tu les tues, tu ne retrouveras pas le gamin », avait dit Black Aron à Tamora. Ce n’était pas son rôle de faire des commentaires, mais parfois, il s’y risquait. Comme la fois où Tamora portait un pantalon, une veste
(sans caraco ni soutien-gorge dessous) et des chaussures à talons vertigineux pour un dîner avec des types influents. Quand vous la voyiez comme ça, avec ses cheveux courts en épis, silhouette fine, vous ne pouviez pas imaginer qu’elle dirigeait le gang des Mongols et gagnait sa vie en faisant le trafic d’ormeaux. Vous ne pouviez pas imaginer que des types tatoués et édentés lui obéissaient. »
On pourrait penser que la littérature policière sud-africaine se résume à l’excellent Deon Meyer heureusement que Quais du Polar est aussi là pour nous rappeler qu’il existe d’autres grands romanciers qui savent également prendre le pouls de la société sud-africaine post apartheid.
Parmi eux, Mike Nicol, qui sera également présent avec Deon Myer demain sur Lyon, nous offre régulièrement de troublantes plongées dans une Afrique du Sud où les élites sont souvent corrompues, la police peu efficace quand ce n’est pas l’inverse.
Nicol, journaliste de formation n’aime rien de plus qu’utiliser le polar pour donner des nouvelles pas très reluisantes de son pays.
Power Play, sa dernière parution française en date ne change pas la donne tant ce pays parait une nouvelle fois rongé par la corruption aux plus hauts niveaux de l’État.
Prenez Titus Anders, Baasie Basson et Rings Saturen : trois truands de haut vol issus de la pègre sud-africaine qui ont la main sur divers trafics très lucratifs, (et notamment d’un trafic d'ormeaux vers l'Asie) et qui arrosent copieusement politiciens et policiers sans que personne ne trouve à redire jusqu’au jour où le fils de l’un de ces trois malfrats est retrouvé le corps sans vie à dix mètres de fonds
Va alors commencer une terrible Guerre de gangs aux ramifications forcément complexes qui sert de décor à une s intrigue criminelle assez touffue et tortueuse qui sonde les contradictions de la société sud-africaine et cette façon dont la corruption la gangrène.
Du déjà vu sur le papier certes, mais c’est sans compter sur le style rugueux et retors de Mike Nicol qui sait assurément construire des personnages réellement ambigus, aux motivations souvent contradictoires, façonnés aussi bien par leur histoire personne que par celle de leur nation.
Dans ce Power Play, Nicol réussit également et plus largement à donner une belle fluidité à sa narration pour faire de ce Power Play un polar aussi vibrant que trépidant. Encore une très belle publication découverte grâce à cette édition 2018 de Quais du Polar !!
Mike Nicol à quais du polar
https://www.quaisdupolar.com/2018/auteurs/mike-nicol/
Autobiographie pour Quais du Polar
Je vis à une époque marquée par l’angoisse et une âcre puanteur d’urine : un Cape Town dystopique connaîtra en avril le « Day Zero », une pénurie d’eau. Nous vivrons dans le monde de Mad Max. Nos pires fictions deviennent réalité.
Polars fétiches
: Le Convive du dernier soir, Charles McCarry.
: Hatufim – Prisonniers de guerre (série tv israélienne)
: John Le Carré.