
En général, quand arrivent le César du meilleur costume, en tant que spectateur de la cérémonie, soyons francs, on écoute moins attentivement que pour le César de l'espoir féminin ou du meilleur acteur.
Alors peut être que le nom de Mimi Lempicka ne vous dit rien mais elle a obtenu le César 2018 du meilleur Costume pour le film "Au revoir là-haut".
Le beau livre "Les costumes font leur cinéma - les carnets de Mimi Lempicka " nous emmène dans une promenade au travers des costumes de huit films. On découvre la méthode de travail de Mimi Lempicka, ses carnets de recherche qui l'accompagnent sur tous les films et c'est ionnant !
Tout commence par plusieurs lectures du scénario : une première pour avoir une vision des personnages, des décors, de la lumière, du ton général, c'est le point de départ de la recherche des idées; la seconde lecture permet de rentrer dans les détails et de tenir compte des contraintes. L'idée qui ne quitte pas Mimi Lempicka est "que le costume apporte le plus de sens possible à ce que le réalisateur a en tête".
S'ensuit la constitution d'une documentation, la recherche de références visuelles puis la sélection avec le réalisateur d'une iconographie très précise.
"Le costume est un critère narratif, il est partie intégrante de l'identité du personnage et la raconte, il est un comportement et pas juste un vêtement porté comme l'est la mode."
Viennent les maquettes, instrument de travail préparatoire puis le carnet de costumes en format A5 qui est la charte de Mimi Lempicka.
Enfin on e à la phase de réalisation des costumes avec le choix de travailler avec des ateliers en quand il s'agit de les fabriquer (souvent ils sont loués, parfois les vêtements sont achetés). Les vêtements sélectionnés sont pris en photos avant les essayages puis patinés pour avoir une histoire.
La carrière de Mimi Lempicka a commencé avec Le grand bleu et depuis ses projets ont été très nombreux. Le livre Les costumes font leur cinéma en a sélectionné 8 dont :
-Au Revoir le haut
Dans le cas du film historique, le piège est d'en fair
e trop "un costume réussi est un costume qui ne se voit pas" dit Mimi Lempicka. Elle se réfère aussi à Roland Barthes en écrivant qu'un costume est à la fois signifiant et transparent.
Bien-sûr elle doit aussi prendre en compte la demande du réalisateur, ici Albert Dupontel qui souhaitait une atmosphère chromatique.
Pour chaque personnage, Mimi Lempicka, indique qui l'a inspiré, et fait des dessins à l'encre avec des échantillons de tissus. Ces tableaux concernent aussi les ants et la foule parisienne.
-Un des grands ateliers de Mimi a été le film Les rois maudits qui lui a demandé 4 mois de travail. Tout a été intégralement fabriqué en atelier (les costumes, les chapeaux, les accessoires et les bijoux). Elle a supervisé la création de plus de 1500 costumes figurants compris !
- Autre défi avec le film Cloclo : illustrer 2 décennies avec modernité et le fait que le chanteur multiplier les tenues. Elle a conçu 60 costumes pour un seul personnage ce qui est un record.
-Avec Les beaux gosses sa mission était de traduire l'humour et la vision très personnelle de Riad Sattouf. Elle a alors travaillé avec les codes couleurs appliqués aux différents "groupes" du film.
Iznogoud, Immortel, Nikita, Le Grand Bleu ont été l'occasion d'autres réflexions, d'autres défis techniques, d'autres univers à construire.
Bref la prochaine fois que le César du meilleur costume sera attribué, vous serez peut-être plus attentif car conscient de tout le travail et la ion qu'il y a derrière !
Un beau livre à offrir à ceux qui s'intéressent aux métiers du cinéma, aux coulisses des films mais aussi à la mode et aux vêtements.
Les costumes font leur cinéma;Les carnets de Mimi Lempicka; Auteurs : Mimi Lempicka & Marie Simon
Éditions E/P/A