Critique cinéma : Koko-di Koko-da : une ritournelle cauchemardesque
Haloween est derrière nous et comme Baz'art ne fait rien comme tout le monde c'est maintenant qu'on a envie de parler films d'horreurs avec trois critiques de film à voir en salles soit déjà soit prochainement... commençons par la première critique cinéma d'horreur avant deux autres, demain, lundi avec le singulier et effrayant Koko-di Koko-da, à l'affiche de certaines salles le 13 novembre prochain
C'est un fantasme de cinéphile : imaginer ce qu'aurait pu être le remake d'un Jour sans fin par un David Lynch fauché au comble de sa mystique. Si il est impossible de préjuger de ce qui aurait pu sortir du cerveau du démiurge de Twin Peaks, on peut considérer Koko-di Koko-da, du suédois Johannes Nyholm comme la bizarrerie qui se rapprocherait le plus de ce fantasme. Suffisamment pour l'assouvir ?
Sur l'air entêtant, et bientôt terrifiant, de la comptine pour enfants « le coq est mort » (Koko-di Koko-da en V.O), Nyholm nous piège dans une boucle terrible, à la suite de Tobias et Elin, un couple de danois ravagé par la mort de leur petite fille. Trois ans après le drame, en vacances en Suède, le couple campe en pleine forêt. Au réveil, le cauchemar commence, et recommence...
Du prologue familial rempli de malaise et finalement déchiré par la catastrophe, à la boucle d'atrocités que subissent Tobias et Elin, tout concourt à faire du film un songe suffocant. La frontalité du film confine au désespoir, celui d'un couple en proie au deuil, matérialisé par les lubies sadiques du trio monstrueux qui lui tombe dessus chaque matin.
Le camping, au milieu de grands espaces, est ici une affaire claustrophobe, redoublée par les intérieurs (de la tente, de la voiture) et nimbée d'une photographie terne et sombre. Les scènes de théâtres d'ombre, salutaires, permettent au film (et au spectateur) de respirer en même temps qu'elles éclairent sa dimension symbolique.
Le film embrasse habilement l'esthétique du rêve (ô combien chère à Lynch), qui n'est pas une somme de délires sans queue ni tête mais au contraire une réalité alternative, mouvante et parsemée de détails irréels qui la rendent inquiétante.
Entre la fantaisie du rêve et la pesanteur de la réalité, le film investit un espace intermédiaire troublant qui fascine autant qu'il effraie.
Cependant, ée la surprise, le dispositif tourne rapidement à vide, centré qu'il est sur l'obstacle, certes puissamment évoqué, qui plombe le couple.
Commence alors une succession sadique de mises à mort dont l'intérêt diminue au fil des enchaînements. Le couple se retrouve bloqué et malheureusement, le film un peu avec.
Un chemin de croix plus ou moins éprouvant selon les sensibilités qui débouche néanmoins sur un superbe final récompensant les spectateurs les plus exigeants .
Koko-di Koko-da / au cinéma le mercredi 13 novembre 2019 distribué par Stray Dogs films