Critique d'Album : Se er des visages : ne jamais se er de Tom Poisson...
Tom Poisson est un touche à tout qu'on voit er dans la scène musicale française depuis une vingtaine d'années, sans pour l'instant- honte à nous- qu'on ait pris la peine de s'arréter un peu pour l'écouter.
Et pourtant Tom Poisson suit deouis ces 20 années et son premier opus "Tom Poisson fait des chansons" - son bonhomme de chemin en empruntant plusieurs chemins de traverse.
Entre le spectacle musical en collectif ("Les fouteurs de joie" et sa bande de 5 joyeux drilles qui ont foulé les planches de près de 800 salles), les shows jeune public (L’homme qui rêvait d’être un girafe qui a enchanté quantité de bambins), sans oublier ses propres concerts dans lequel il joue son repertoire solo en version acoustique ( il était avec son fidèle complice Paul Ronan présenter son 2+1 - 2 hommes + 1 micro. au OFF d'Avignon dans le cadre talents ADAMI en 2018, mais là encore, on avait vu ses collègues et pas lui et on se demande encore bien pourquoi), Tom Poisson prend soin d'éviter la monotonie d'un parcours trop balisé, au risque parfois de se perdre un peu et de perdre aussi parfois l'auditeur qui peut avoir du mal à l'identifier dans ce maëllstrom ...
Tom Poisson suit un chemin certes peu linéaire, mais cependant cohérent et talentueux en diable, dont l'apothéose pourrait bien être son nouvel album " Se er des visages", sorti certes au pire moment- le 13 mars, soit le jour même du confinement- mais dont il ne faudrait surtout pas er à côté.
Un album que Tom a réussi à finaliser trois ans après sa conception grâce au crowfounding et qui réussit à allier textes souvent ancrés dans notre actualité - "Se er des visages " qui aborde le drame des migrants, "Trois bleus de plus" , très jolie ballade qui explore la violence conjugale sous un angle assez singulier- et un emballage poétique et assez intemporel du meilleur effet.
Entre textes graves et mélodies souvent aériennes, porté par les arrangements toute en finesse et en sobriété de ses compères de toujours Alexandre Léauthaud- un de ses complices des Fouteurs de joie- et Fred Pallem, "Se er les visages "opère sans doute un petit virage plus folk par rapport à ses compositions antérieures, mais il n'en demeure pas moins toujours doté d'un humour tendre et d'une douce mélancolie qui nous font fondre.
Entre alternoiements de la vie amoureuse ( "Menteuse"), ce besoin irrépressible qu'on a tous en nous de chercher à encaisser des coups qui font pourtant si mal ( "Les gifles"), ces retrouvailles entre deux amoureux plus d'une décennie après ("14 ans plus tard") ou bien encore l'inventaire de toutes ces peurs qui nous étouffent et nous empechent d'avancer, l'écriture de Tom Poisson réussit la prouesse d'être aussi éliptique que frontale, dans un joyeux paradoxe qui constitue un des atouts de ce beau disque.
Et comme Tom n'est jamais aussi épanoui que dans le partage, "Se er les visages " comporte également deux très jolis duo qu'il ne faudrait pas er sous silence , dont un avec notre adorée Clio- dont on a parlé pas plus tard qu'hier - pour la bien nommée "La chanson" , ode à toutes les chansons du monde et un autre titre chanté avec la sans doute moins célèbre mais très talentueuse Laurence Jaillet, « Les Fantômes », entre onirisme et hommage à ces personnes qui flottent entre deux mondes .
Tom affirme à qui veut l'entendre que " Se er des visages" constitue, après 20 ans de carrière et une dizaine de disques- tous projets confondus- le premier album où il a eu la sensation que " l’auteur, le compositeur, le chanteur et le bonhomme se sont enfin retrouvés".
A l'écoute de cet album aussi cohérent qu'abouti, autant organique que sensuel, on ne peut assurément pas lui donner tort..
Tom Poisson - Trois bleus de plus
Tom Poisson - Déjà Loin
Tom Poisson - Les gifles- version acoutique
L'univers de Tom Poisson - Voir
Pour écouter le disque Se er des visages.
(Photos : Ayumi Moore Aoki)