La nuit du 5 – 7 : Jean-Pierre Montal revisite le temps de l’amour et de l’amitié.
"J'espère que tu te souviendras de moi
Henri de la Porte des Lilas
J'étais le bassiste des Toreros
Je t'accompagnais au Golf Drouot
On inventait les "yéyés"
Les "Oh chérie"
On balayait Tino Rossi
Souviens-toi de moi
On cassait tout à l'Olympia
Y avait des filles plein les coulisses
Tu voulais pas faire comme Elvis
Souviens-toi de moi….
« Valérie et Catherine s’embrassèrent puis coururent en direction de 5-7. La nuit était froide et elles avaient hâte de danser. Quand elles franchirent le tourniquet de l’entrée, il y avait déjà foule. Les deux amies avancèrent ensemble à travers les différentes grottes creusées dans une sorte de polystyrène.
Avec ce décor et la pénombre, elles avaient l’impression de marcher sous terre. Sans perdre des yeux Valérie, Catherine cherchait du regard la silhouette de Michel Mancielli. Il avait dû arriver avec les Storm, les instruments étaient installés sur scène. Elle hésitait encore sur l’attitude à adopter. D’abord la distance bien sûr, comme elle avait réussi à le faire dans ses dernières lettres, mais après ? »
Ce soir-là, Michel Mancielli aurait dû être sur scène avec les Storm dans cette boite de nuit près de Grenoble. Ce soir-là aurait dû être le retour triomphal de l’enfant du pays monté trouver la gloire dans la capitale. Ce soir-là Michel aurait dû retrouver Catherine Valère, un flirt de lycée qui ne l’a pas oublié.
Mais Michel Mancielli s’est fait virer du groupe une semaine plus tôt. Il n’a pas joué sur la scène du 5-7 la nuit du premier novembre 1970. Cette nuit-là, le dancing est ravagé par les flammes, les Storm périront dans l’incendie qui fera 146 victimes. Michel le survivant pense à Catherine.
Récit d’apprentissage mais aussi de désillusion, histoire d’amour et d’amitié et roman historique. Ces héros, ou plutôt ces non-héros auront-ils réussi ou bien raté leur vie ?
Finalement ne sommes-nous pas tous les survivants de nos idéologies de jeunesse ?
La provinciale et pompidolienne, Paris et le Golf Drouot, un petit tour par la Gauche Prolétarienne, un salut à Jean-Pierre, le Chopin du Twist, à Serge July et même à Gérard Lanvin, encore vendeur de fringues à Saint-Ouen.
Le temps de l’amour et de l’amitié. Un prologue et un épilogue dans la bonne ville de Saint-Etienne qui je l’avoue n’est pas pour déplaire au chroniqueur de Baz‘art..
« La nuit du 5-7 » n’est pas qu’une simple machine à remonter le temps, c’est aussi et surtout un roman générationnel émouvant et sensible.
Un bien chouette roman sur le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure.
On aime son écriture simple, son sens du suspens et du romanesque dans le quotidien banal..
Un récit .tendre comme un film de Claude Miller ou comme la chanson “ Henri Porte des Lilas” , qui est un peu un concentré du roman de l'oublié Philippe Timsit!
La nuit du 5-7 de Jean-Pierre Montal, Éditions Séguier, 248 p., 20 €. Editions Séguier