Sélection polars avec les Quais du Polar dans la ligne de mire
La 17e édition de Quais du Polar, le festival international du roman policier qui se tient à Lyon, aura lieu du 2 au 4 juillet 2021; en pleine période estivale, une période propice pour les polars.. L'occasion de mettre en avant trois polars ou plutôt romans noirs qui nous ont particulièrement épatés ces dernières semaines, un grand format qui nous vient de Corée du Sud et deux polars français qui viennent de sortir en poche
Le placard, de Kim Un-su ( Matin Calme)
Il suffit s’ouvrir son porte-monnaie, de vérifier son pouvoir d’achat, de respecter la notice et d’aimer avant la date de péremption. Là, tout se déroule sans problème."
Sur fond de société secrète et de dossiers cachés, délicieusement fantastique,savamment paranoïaque, Le placard ( rien à voir avec le film de Francis Veber) est une fable autant qu’un roman noir unique en son genre,
Bref on à affaire du pur Kim Un-su. qui après Sang chaud, enfin plutôt avant car le livre édité que maintenant en , date de 2006, invente ici un genre à part : le roman noir parano-loufoque.
"Cette année-là, je romps avec ma copine que je fréquente depuis huit ans et sept mois. Pour être précis, j’apprends cet été-là qu’elle n’est plus avec moi depuis un paquet de temps déjà. »,
L'éditeur Matin Calme le prévient dans le 4eme de couverture : aucun ingrédient qui en font un polar habituel même si on est dans le roman noir. burlesque et délirant à travers ces tranches de vie franchement décalées et absurdes racontées avec une jubilation évidente !
2/Thomas Cantaloube, Requiem pour une république ( Folio)
"Avec Sirius, Deogratias se lâchait. Quand il était en confiance, il délaissait ses manières de bureaucrate ambitieux. Ses petites lunettes rondes cerclées d’écaille lui glissait sur l’arête du nez et il faisait des moulinets avec ses bras. Il lissait régulièrement sa fine moustache pour ôter les traces de sueur qui perlaient dans les poils. Volkstrom était prêt à parier que si un fonctionnaire de la préfecture était entré à ce moment-là dans la pièce, il n’aurait pas reconnu « monsieur le directeur adt du cabinet du préfet de police de Paris ».
En chroniquant les coulisses de la guerre d’Algérie, Thomas Cantaloube, reporter d'investigation qui travaille actuellement à Médiapart s'attaque pour son premier roman à un projet aussi ambitieux que complexe.
Il installe son intrigue au tout début de la Ve République, entre 1959 et 1962, pendant la période particulièrement sombre des dernières années de la fin de la guerre d'Algérie et en toile de fond, on y découvre tous ces événements qu'on apprend que trop peu dans les manuels d'histoire, tels que le massacre de la station de Charonne ,en 1962 ou les attentats de l'observatoire qui avait pris pour cibleun certain François Mitterrand.
Partant d'un point de départ fictif, l'enquête d'un meurtre commandité d'un avocat proche du FLN, commandité par un certain Maurice Papon, Canteloube met en scène des personnages réels - Papon, Mitterrand, Le Pen, et même un certain Jean Pierre Melville non cité nommément, mais qu'on reconnait aisément- qu'il mélange à plusieurs personnages fictifs parmi lesquels Luc, jeune policier idéaliste qui va essayer de résoudre cette affaire criminelle particulièrement sordide.
Avec un titre un peu ironique (comme on assiste au début de la Ve république, le requiem n'étant pas forcément la musique des plus adaptés ) qui laisserait entendre que ce régime était vicié dès ses origines, l'auteur ne nous cache rien des manœuvres les moins glorieuses gaullisme, avec une répression policière violente dont le parallèle avec des faits actuels pourrait sembler assez évidente à faire..
Si le primo romancier s'appuie sur un vrai travail journaliste de documentation et d'analyse des faits, il réussit également avec une belle maestria à tricoter le réel et la fiction, à inventer des personnages parfois très proche de la réalité et à maintenir un suspense constant avec un sens du dialogue et de la formule qui fait très souvent mouche.
3/L’affaire Clara Miller, Olivier Bal ( Pocket)
Est-ce que vous pourriez me parler de Clara Miller ? dis-je en lui tendant la photo que je viens de sortir de ma poche.
Il détaille le cadavre gonflé retrouvé sur le rivage du lac Wentworth. Une fraction de seconde, son visage se voile, puis, sans même me regarder, il se lève et me pointe du doigt.
— Foutez-moi ce connard dehors ! C’est quoi ces conneries ? Pourquoi ce taré me montre des photos de cadavre ? Tu m’expliques, Joan ?
Alors que des cadavres ne cessent d’être découvert vers son lac, Mike Stilth est au sommet de sa gloire. Il semble inatteignable et pourtant le journaliste Paul Green ne le lâchera pas.
Il en est convaincu, c'est lui qui est la cause de ces suicides, ou plutôt de ces meurtres.
Dès le début ca commence fort, et très speed : un narrateur à la première personne se fait tirer dessus pendant que les notes de "Sympathy for the Devil "des Stones sortent de l’autoradio .
Via les multiples voix qui vont, chapitre après chapitre et à différentes époques, nous dévoiler tous les contours de cette « affaire Clara Miller », des plus lumineux aux plus sombres, Olivier Bal concocte un roman d’une noirceur radicale et suffocante.
L'auteur nous plonge dans un New York frétillant entre jet-set et bas quartiers, entre toxicos et stars qui jouent les divas et surtout dans les eaux troubles de la célébrité.
On y retrouve les codes du thriller paplitant ici revisité avec un vrai brio !
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— Baz'art (@blog_bazart) June 14, 2021
Un thriller palpitant. Voilà comment décrire "L’affaire Clara Miller" ., thriller virtuose avec 3 temporalités différentes qui nous plonge dans les affres de la célébrité ... à découvrir chez @Pocket_Editions pic.twitter.com/rH5aR7P1KN