Musique: Rencontre avec Le Noiseur pour son album Relax
Parlons musique en ce mercredi avec Simon Campocasso alias le Noiseur qui a fait cette année un retour discographique qui a fait du bien.
Avec son second album, on a pu redécouvrir avec grand plaisir le talent de cet électron libre de la chanson qui aime surprendre l'auditeur dès qu'il le peut.
Après un premier disque remarqué par la critique mais pas vraiment du public (Du bout des lèvres, sorti en 2015), Le Noiseur s'est remis en question avant de lancer son deuxième album, le bien nommé Relax.
Ecrites et composées en grande majorité pendant le confinement de 2020, les chansons de l'album poursuivent la trajectoire initiée sur l'Ep Musique de Chambre.,
Au départ peu de choses en commun entre le sensuel “L’origine du monde” ou l’envoûtant “Aston Morphine”, un titre rendant hommage à Françoise Sagan ou encore le formidable “Dépression Nord” ...
Pourtant, une vraie cohérence lie ces chansons entre elle : l'écriture et une façon de chanter faussement désinvolte voix tantôt chantée, tantôt parlée du Noiseur.
On a eu envie d'en savoir plus sur cet artiste mystérieux et talentueux.
On a donc pris le téléphone pour échanger avec le Noiseur autour de cet épatant deuxième album :
"Relax", album plus solaire que le premier?
"Je n’irai pas forcément jusqu’à dire que cet album est joyeux, mais il est en tout cas plus ouvert, plus pop, plus solaire que le précédent. Disons que le premier était organique, celui ci plus electronique., sans doute moins tourné vers la dimension cinématographique et un coté introspectif qui était prégnant dans mon premier album .
J’avais envie d’aller vers l’autre, avec des chansons plus dansantes, plus faites pour la scène. J’ai un autre rapport au temps aussi. J’ai compris, à 40 ans, que le temps e.
Le noiseur, chanteur subversif?
Contrairement à ce que l'on a tendance à dire, nous sommes dans une époque où on peut tout de même se permettre de dire beaucoup de choses. Donc, être subversif est devenu un peu compliqué…
Je ne me sens pas plus subversif que ça… Je l’étais sans doute un peu plus sur le premier album, mais aujourd’hui, c’est un peu é il me semble"
Dépression Nord, chanson charnière?
Dépression Nord parle de météo extérieure et intérieure. J’étais un peu perdu à cette époque. Mais elle a été importante car c'est ce morceau qui amorce le changement de ton dans l’écriture perceptible entre les deux albums . Je commence à douter, à me demander ce que je vais faire de ma vie ?
Le moment ou j'écris dépression Nord sonne en quelque sorte comme un moment un peu charnière dans mon existence.
Et en même temps, j’ai désormais un certain recul là-dessus, et j’avais également envie de faire paraître ce second degré dans la chanson ..
“Summer Slow 88” un bel hommage à l'âge d'or des slows
"Sumer Slow 88 » n'est pas du tout une chanson parodique, elle évoque en premier lieu mon amour réel pour le slow. J’aime beaucoup les chansons au tempo lent.
88, c'est l'année phare pour les slows, je pense à Elsa & Glenn Medeiros ou David & Jonathan. Ce sont des chansons pour ados aux textes certes pas d'une grande profondeur ( rires) mais je voulais rendre hommage aux slows. J’aimerais que ça revienne.
Je voulais écrire une chanson qui évoque une rencontre pendant un slow. J’ai eu cette idée d’aller m’incruster dans un véritable thé dansant à la campagne, au milieu de personnes âgées.
Il y avait du décalage, mais ça faisait sens. En allant dans ce véritable thé dansant, j’avais aussi envie d’aller à la rencontre des gens.»
« Douce » –plus un hommage à Rachid Taha qu'à Charles Trenet ?
"J'ai tenu à réaliser avec Douce un morceau très world music, avec une petite consonance arabisante car c’est ça aussi la .
C’est ma manière de réagir à un discours qu'on entend de plus en plus qui cherche à diviser la . Zemmour banalise ce discours, le mal est fait.
Je sais que mes grands-parents corses, quand ils ont débarqué à Marseille, étaient considérés comme des immigrés qui n'étaient pas vraiment les bienvenus.»
Réussir à toucher les gens en gardant sa singularité
Ma démarche est d'une grande simplicité : je ne me dis que je dois plaire à des gens ou en me demandant ce que je pourrais faire pour que ça fonctionne.
Mes derniers clips ont réalisés par Aurélien Ferré, que j’ai rencontré l’année dernière.
Je suis très heureux de bosser avec lui parce qu’il est vraiment très doué et nous avons noué une belle complicité, ce qui rend les choses beaucoup plus faciles."
Un album mélancolique mais pas nostalgique
«Pour moi, dans la nostalgie il y a la notion de regret, d’envie de revivre les choses différemment. Ce n’est pas le cas ici, je pense. Moi je suis plus dans la mélancolie.
Je me remémore le temps qui e sans nécessairement avoir envie de le revivre.
Je suis plus dans l’acceptation du temps qui e.
Je suis plutôt relax c'est quelque chose qui me correspond bien. C’est un peu un pied de nez à une époque pas facile à vivre.
Il faut garder espoir c'est en tout cas ce à quoi j'aspire à travers les textes et les mélodies»
Le Noiseur à l'aise sur scène?
(sourires) On ne peut pas dire au départ que j'ai une grande confiance en moi sur scène
Mais là, j'ai eu la chance de jouer pendant près d'une heure au MaMA Festival 2021 en octobre dernier devant un public qui n'était pas forcément venu pour moi et j'ai été très bien accueilli, et cela fait assurément du bien à l'égo.
J’ai beaucoup travaillé la scène, beaucoup réfléchi à ce que j’allais proposer et j’ai trouvé une formule qui fonctionne bien.
J’ai de bons retours et je prends de plus en plus de plaisir à cet exercice.
J'ai une date au Café de la Danse à Paris en février 2022 et il y a plusieurs dates qui se mettent en place en province j'ai hâte d'annoncer bientôt cela.
Et puis au dela de la scène je continue à créer, même pendant cette période de promotion : j’ai déjà quelques idées et des envies pour le prochain album.»
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