Une pièce en noir et blanc : on pensait que c'était impossible alors ils l'ont fait. Ils, ce sont Dan Menasche et Nicolas Nebot, qui ont écrit Smile. Tandis que l'un a mis au point la mise en scène et la scénographie, l'autre s'est glissé dans l'un des costumes noir et blanc. Ils sont les premiers à avoir introduit sur une scène française un spectacle entièrement en noir et blanc, grâce à du maquillage, de la peinture et beaucoup d'ingéniosité.                        

                                              

1910. Nous sommes au Mitz (oui, au Mitz, pas au Ritz, vous avez bien lu), un pub du nord de Londres. La jeune (Pauline Bression, que nous avions pu voir dans Une histoire d'amour à la Scala) attend son rendez-vous, tandis que le barman (Dan Menasch) tente, tant  bien que mal, de la faire patienter. Lorsque le rendez-vous (Alexandre Faitrouni) arrive enfin, c'est un premier spectacle, un premier film, qui démarre. La pellicule d'un deuxième se lancera, puis celle d'un troisième. Avant le bouquet final.

C'est une histoire vraie qui a inspiré à Dan Menasche et Nicolas Nebot celle de Smile : les débuts (et la fin) d'une histoire d'amour entre deux apprentis comédiens déjà pleins de talent, Hetty Kelly et Charles Spencer Chaplin.

J'ai été charmée par l'originalité de cette mise en scène, la partition impeccable et sans fausse note jouée par les trois comédiens. Je me suis plue à identifier tous les petits indices distillés dans le jeu de mise en scène, les éléments de décor et de costumes (tiens, un chapeau melon ? Tiens, une canne ?), les allusions glissées dans les mots des personnages, jusqu'au titre de la pièce. Ceux qui nous font comprendre que nous voici face à Chaplin avant Chaplin (rassurez-vous, ceci n'est pas un spoiler : nous savons d'emblée que c'est au Charlot que nous avons affaire).

Ce que nous ne connaissons pas, en revanche, c'est l'histoire vraie au cœur de cette mise en scène virevoltante, ce concours de circonstances inouï qui a fait de ces petits hasards mis bout à bout, un véritable rendez-vous avec le destin. Pour la découvrir, on ne saurait que trop vous conseiller de pousser les portes de La Nouvelle Ève, ce cabaret niché dans le 10ème arrondissement, de vous asseoir confortablement à une de ces tables qui font face à la scène, de commander un jus, un whisky ou une coupe de champagne, et de laisser agir la magie.

Vous allez alors être projeté tout droit dans un autre temps, dans un moment intime et privilégié. Vous allez le vivre aux côtés de personnages formidablement incarnés par des comédiens drôles, émouvants, généreux et aussi habiles au chant, au mime, qu'à la danse. Être bercé par les notes d'un piano mélancolique, tantôt joyeux, tantôt mélancolique.

Chapeau (melon) bas à la compagnie. Et merci pour cet inoubliable voyage dans le temps.

Crédits photos : Jérémy Nebot

Smile à La Nouvelle Eve, 25, rue Pierre Fontaine, 75009 Paris, du jeudi au samedi à 19h30