Hasard de la programmation, on a assisté, en fin de semaine dernière, à une journée d'intervalle; à deux spectacles fleuves présentés actuellement par deux gros théâtre de la région; bref c'était l'occasion idéale pour faire une petite comparaison : 

1 Aux Célestins-  Sommeil sans rêve, Thierry Jolivet

Événement de taille, Thierry Jolivet, présente depuis le  23 février aux Célestins (où il est artiste associé) sa nouvelle création théâtrale et cinématographique. On était présent à la toute première d'une pièce qui nous a séduit mais pas forcément totalement enthousiasmés : 

 Work in progress dans le laboratoire - scène du théâtre des Célestins, sur les planches, cinéma et théâtre se mêlent étroitement.

 " Sommeil sans rêve" ou le chaos de notre époque, dans lequel, comme des flashes, le destins d'hommes et de femmes s'entrechoquent.

Entre rêves et cauchemars, dans la réalité de notre triste et joyeuse conditions humaine, douze personnages débattent et se débattent dans un maelström de tragique et de burlesque.

Dans l'angoisse et la solitude de la vie moderne, ils cherchent et parfois trouvent du réconfort dans l'autre.

Qui a dit que la vie c'est ce qui arrive quand on a prévu autre chose ?

La pièce de Thierry Jolivet est une expérience extrême, fiévreuse et compulsive dans la lignée du cinéma de Lynch, ou  Andrzej Żuławski [le tout soupoudré d'un peu de Pialat, un précipité étonnant responsable d'un Big Bang théâtral.

On loue la puissance de la mise en scène et la précision de la réalisation vidéo, on ire la chorégraphique fluidité des décors, on applaudi la virtuosité des comédiens, parfaitement juste dans l'outrance comme dans la sérénité, mais trois heures d'hystérie collective sans vraiment de colonne vertébrale scénaristique, c'est parfois un peu ( beaucoup trop?) long. 

⫸ S O M M E I L S A N S R Ê V E ⫷ – création I Thierry Jolivet – 📆 23 fév. au 04 mars - Grande salle 👋 Bord de scène : jeu. 2 mars ➡ Prenez place https://bit.ly/3ZB5LqK$ 

2. Au TNP - La crèche : mécanique d'un conflit ; François Hien

L'histoire a débuté ainsi, décembre 2008, une éducatrice de jeunes enfants reprend son travail après cinq années de congé maternité. Problème, Fatima refuse d'enlever son voile comme l'a toujours demandé le règlement intérieur de la crèche.

Après un bras de fer judiciaire l'affaire se terminera par le licenciement de la jeune femme.

Mais comment en est-on arrivé là ? De quoi la laïcité est-elle l'histoire ?

De quoi le voile est-il le symbole ? Vastes questions que la pièce de François Hien s'empare avec un courage et une détermination qui forcent l'iration.

L'affaire Baby Loup a cristallisé tous les problèmes sociaux et politiques de notre époque, exclusion, patriarcat, féminisme, racisme, mal-être et discriminations dans les cités. 

 

Sur la scène de la salle Jean Bouise du TNP, la Compagnie de L'Harmonie Communale nous offre un captivant spectacle du réel.

Comme un documentaire vivant sur les planches d'un théâtre, avec des actrices qui d'un rôle à l'autre sont formidablement, émouvantes, pugnaces et drôles aussi, accompagnées magistralement par une habile mise en scène d'une fluidité qui impressionne.

Jamais manichéen, le texte de François Hien déconstruit avec une précision d'horloger la mécanique d'une incompréhension.

Grace à la somme de tous ces talents réunis, nous assistons à un spectacle, ionnant, utile et nécessaire et surtout terriblement humain.

La Crèche : mécanique d’un conflit 

Durée 3h avec entracte

TNP Villeurbanne
du vendredi 17 février au mercredi 1er mars 2023
Petit théâtre • salle Jean-Bouise

 

Bilan du match 

Au Théâtre des Célestins : gros moyens techniques, mise en scène très élaborée, acteur pros parfaits dans la retenue comme dans l'hystérie et un texte très ".mal de vivre chez des gens sans trop de problèmes"... et là c'est beau certes, mais que c'est long quand même 

A la salle Jean Bouise du TNP : la scène est au milieu de deux gradins de public, spot de lumière pour éclairer les scènes de chaque cotés... une troupe d'actrices qui endossent une foultitudes de rôles en un clin d'œil sans jamais perdre le spectateur et sans jamais se perdre durant trois heures, je crois vraiment que l'on peut parler de performance... 

Un texte avec une sacrée belle construction dramaturgique  qui aborde les problèmes de front, une mise en scène sans esbrouffe mais d'une sacrée efficacité ...

Gros exploit, la pièce de trois heures coule à une vitesse incroyable...

Résultat un/zéro , allez plutôt deux à un pour le duo François Hien-TNP  !!!