Piranhas ( critique film) : les babys Gomorra font froid dans le dos
Le film "Pirahnas" réalisé par Claudio Giovannesi, ours d'argent du meilleur scénario au dernier festival de Berlin, et prix du Jury au dernier Festival de Beaune est l'adptation du premier roman de fiction du très connu journaliste d'investigation Roberto Saviano ; adaptation dont Saviano a d'ailleurs été coscénariste.
Respectant assez scrupuleusement le roman de Saviano, Giovanessi plonge le lecteur dans une histoire largement inspirée de faits authentiques, puisqu'elle se fonde sur tous les heures et jeures témoignages que Saviano pu recueillir avec elle pour nourrir une fiction particulièrement dense.
"Piranhas" raconte l'histoire d'un gang adolescent (baby-gangs) qui se met à conquérir la ville de Naples, avec des objectifs bien précis, vendre de l'héroine, envoir l'emprise sur un quartier, faire payer tous les commerçants et autres qui vivent dans ce quartier, et accessoirement et sans trop de scrupules, tuer tous ceux qui se mettent en obstacle à leur empire, en érigeant comme modèles les parrains de la Camorra.
Le personnage principal de ces Piranhas, c'est le leader du gang, Nicolas, 14 ans au début de l'histoire, un malfrat pré pubère qui n’a qu’une ambition : régner sur Naples. et ce, Nicolas- on pense forcément au prince de Machiavel avec ce prénom qui est tout sauf anodin- on assistera à une ascension forcément fulgurante et forcément violente.
Deux seules valeurs animent Nicolas et son gang : l’argent et surtout au delà de tout, le pouvoir.
Une ascension que Giovanesi filme tambour battant. On apprend notamment comment ces jeunes vont être guidés, contrairement à leurs ainés par la puissance d'internet et comment les réseaux sociaux ont influé dans la création de cette Gomorra 2.0 et comment ces jeunes apprennent à tirer grâce à des tutoriels sur you tube .
Avec une caméra sans ebsrouffe ni effet tape à l'oeil, qui montre avec acuité comment cette violence abrupte devient progressivement un reflexe de survie pour ces jeunes qui perdent très vite de leur innocence , on voit à quel point ces adolescents ne considèrent pas la mort comme un risque du métier mais une nécessité , plus qu'un horizon..
Claudio Giovannesi montre avec Piranhas la fin de l’innocence d'une génération dont le seul but est de devenir riche et puissant le plus vite possible, c'est cela qui les rend si ionnants à suivre, et en même temps, terrifiants, forcément terrifiants .
Ces gamins redoutent plus que tout de mener la vie ordinaire de leurs parents, .s’extraire d’une vie moyenne pour embrasser la vie à pleines dents, comme le font les riches et les puissants sur Snapchat et Instagram.
Les adultes ne sont que des personnages de seconde zone, on est totalement dans la tête de ses enfants, grâce à une mise en scène frontale, sans lyrisme ni emphase ( on est loin de Scarface ou le Parrain .
"Piranhas" est le portrait saissisant et terrifiant de Naples, ville qui favorise l'éclosion d'une violence dès les premières années de sa naissance : une cité toujours dans le conflit où les quartiers sont à la merci de différentes bandes qui se detestent cordialement et qui ici est à mise en valeur, dans sa dimension aussi terrifiante que mythique.
Grace à sa méthode basée sur une étude poussée des mafias et sa réalisation rythmée et intense, " Piranhas" se voit avec ion, malgré un regard parfois complaisant du cinéaste sur la description des meurtres gratuits commis par ces baby gangs, et un côté assez nihiliste et hopeless de la peinture de ces jeunes aussi captivants que terrifiants à suivre.